Si la colère est une émotion compliquée, difficile à camoufler, à apprivoiser, elle a sa place, comme toutes les autres émotions.
Quand on se réfère aux travaux d’Elisabeth Kübler Ross sur la courbe du deuil, sa vertu principale nous apparaît immédiatement : sans colère, il n’y a aucun élan vital.
Mais non seulement la colère est mal perçue dans nos sociétés, mais en plus, elle est perçue différemment selon qu’elle soit celle d’un homme ou d’une femme.
Un homme en colère renvoie une image assertive, peut-être violente, mais aussi “virile” ; on dit alors de lui qu’il sait s’imposer, qu’il sait ce qu’il veut, qu’il a du caractère.
Et s’il est craint pour ses coups de gueule, il n’en est pas moins respecté.
Chez les femmes, c’est une toute autre affaire.
Je vous passe les :
elle est hystérique,
elle est excessive,
elle est borderline…
Et le, elle a ses règles ou quoi ?
Toutes ces phrases qui décrédibilisent la femme en colère.
C’est incroyable de constater la différence de perception d’une même émotion selon le genre, vous ne trouvez pas ?
Cette différence de perception se retrouve aussi dans la tristesse, qui là pour le coup colle bien plus à la peau des femmes que des hommes. D’ailleurs en vous en parlant, je prends conscience que l’on dit rarement d’un homme qu’il est triste (hormis situation exceptionnelle). Au mieux dira-t-on qu’il est taciturne.
Tandis que, dire d’une femme qu’elle est triste, c’est plus fréquent.
Et là, les associations ne manquent pas : au mieux, elle est pleureuse, fragile, mais aussi faible, et pire, elle est dépressive…
Et si en plus, nous partageons cette émotion au travail, alors notre légitimité, notre crédibilité en prennent un sacré coup !
Pourtant, l’invitation à vivre nos émotions existe aussi dans le champ professionnel.
Bref, de quoi en perdre sa boussole !