Aujourd’hui, je suis prête à partager avec vous cette réflexion qui m’anime depuis quelque temps.
Qui à force de dialoguer avec ma petite voix intérieure, est en train de prendre une toute autre ampleur et m’invite à une vraie inflexion dans mes prises de parole.
Et comme, mon cœur m’invite à un changement de vocabulaire… j’ai décidé de l’écouter pleinement !
Je m’explique :
Depuis un moment déjà, les termes « hypersensibilité, haut potentiel, haut potentiel intellectuel, haut potentiel émotionnel, zèbre, surdoué, etc » et leur usage me posent question.
Pas dans leur définition, ni dans la clarté que ces mots ont apporté à de nombreuses personnes qui s’y reconnaissent.
Non, c’est plutôt dans la façon qu’ont certains de se les approprier et de les placarder comme un étendard, parfois même avant de vous avoir dit Bonjour.
🔎 Il y a quelques semaines, je participais à un atelier collectif sur l’Analyse Transactionnelle, où je ne connaissais personne, à part l’un des deux formateurs.
Dès le tour de présentation, plusieurs participants revendiquent haut et fort le fait d’être haut potentiel. Tout cela pour expliquer qu’ils vont se comporter de telle et telle façon durant les dix WE de formation que nous allons passer ensemble. Et que nous allons devoir « nous y faire »..
En entendant cela, je ressens une forte émotion, proche de l’agacement à constater que ces personnes posent d’emblée leur haut potentiel comme partie prenante de la relation que nous allons nouer dans cet atelier.
Comme un fait acquis.
Comme un incontournable.
Et comme un justificatif à leur mode de fonctionnement.
Comme si d’emblée, les animateurs et autres participants devaient accepter que ces personnes ne vont pas répondre aux consignes. Bref qu’elles vont jouer d’emblée avec le cadre posé.
Faisant ainsi, elles font de leur « haut-potentiel » un élément qui s’impose aux autres.
Et cette démarche m’a paru franchement inajustée.
En plus de m’étonner de cette sur-représentativité dans un groupe “lambda” : deux personnes sur six alors que les statistiques nous disent qu’il n’y a que 2,5 % des personnes qui seraient HP.
Bref, je me suis pas mal interrogée, après avoir bien fulminé intérieurement.
Vous me connaissez, quand quelque chose m’agace, j’ai besoin de comprendre pourquoi.
- D’abord, j’ai réalisé qu’en miroir, leur positionnement très affirmé me déstabilisait : à l’inverse d’elles, j’ai souvent eu le sentiment de toujours faire des (gros) efforts pour m’adapter aux autres et ne pas faire peser le poids d’un trait de ma personnalité.
Au risque de me sur-adapter tout le temps et ne pas assumer pleinement qui j’étais pendant longtemps.
- Et cette question m’a ramenée au chemin que je traverse depuis quelques temps sur ces étiquettes autour de la douance.
▶️ Le mot « haut potentiel » et tout le vocabulaire qui gravite autour me dérangent dans le brouhaha qui est fait à ce sujet désormais.
Celles et ceux qui me connaissent depuis longtemps savent que j’ai toujours refusé d’entrer dans les moules.
Je n’aime pas les étiquettes, quelles qu’elles soient.
Je n’aime pas être enfermée et je sais que je ne suis pas la seule.
J’ai toujours trouvé les cases trop exigües.
Pourquoi être étiqueté alors que nous passons notre temps à énoncer que nous ne rentrons dans aucune case ?
Comment vouloir être inclus alors que nous ne le proposons pas aux autres ?
Adopter d’emblée une posture haute n’est-il pas le meilleur moyen de mettre à mal la relation ?
D’ailleurs, j’observe que les clients qui viennent me voir n’abordent jamais la question de cette façon-là. Le haut potentiel n’est pas leur porte d’entrée.
Ils arrivent touchés, interpellés par mes prises de parole, posts, articles ou newsletters.
Ils se reconnaissent dans mes propos, mes partis pris. La revendication d’un résultat de QI est rarement posée comme telle.
Ce sont parfois des personnes, qui d’ailleurs n’ont pas toujours osé passer ce test ou n’ont pas ressenti le besoin de le faire.
▶️ Sans parler de la popularité actuelle du « haut potentiel » qui me fait fuir à toutes jambes, moi qui ai toujours détesté ce qui est « à la mode ».
📙 Au passage, je vous recommande la lecture du livre intitulé La fabrique des surdoués, de Jérôme Pélissier, paru en 2021 aux éditions Dunod 👇
Tout d’abord, j’y ai appris que le test de QI, conçu au début du XXe siècle, a fondé ces standards sur les personnes qui réussissent à l’école, c’est-à-dire des standards plutôt académiques, classiques.
Or à l’époque, les enfants qui fréquentaient l’école étaient principalement des garçons blancs issus d’environnements bourgeois.
Ce test évalue donc en quelque sorte une intelligence, qui reflète celle de l’homme blanc, bourgeois et éduqué.
Si vous êtes une femme, noire et non issue d’un milieu social favorisé, vous avez nettement moins de chance d’obtenir un score élevé au test de QI.
Jérôme Pélissier rappelle que ce test évalue « l’intelligence », là où personne ne s’est jamais mis d’accord sur ce qu’est l’intelligence !
Posez la question à votre entourage et vous verrez à quel point les avis divergent.
Comment espérer mesurer avec pertinence une notion indéfinie ?
Ce test évalue l’intelligence académique mais ne reflète absolument pas les autres types d’intelligence aujourd’hui reconnues.
📚 Pour celles et ceux qui veulent approfondir cette notion, je vous invite à lire les travaux d’Howard Gardner sur les 8 types d’intelligence (logico-mathématique, linguistique, kinesthésique, musicale, interpersonnelle, intrapersonnelle, visuo-spatiale et naturaliste), dont les conclusions sont parfois décriées, mais qui ont pour mérite de
nommer d’autres formes d’intelligence.
▶️ Enfin, une question impertinente me poursuit 🤔
S’il y a des hauts potentiels, où sont alors les potentiels moyens et les bas potentiels ?
Bref, pour conclure
👉 Toutes ces réflexions m’ont amenée à chercher des termes plus justes, plus pérennes et plus harmonieux, qui n’induisent aucune idée de hauteur ou de valeur.
Voilà pourquoi le terme de « singularité » a émergé.