Déception, désillusion et non-dits se sont aussi invités à la fête
Chez les managers, chez les leaders que je continue d’accompagner, qui sont donc « au front » depuis le début du confinement et qui très normalement fatiguent, je vois depuis quelques semaines poindre des sentiments de déception, de découragement, parfois même une sensation de trahison face à l’observation de comportements insoupçonnés, de réactions inattendues de la part de certains collaborateurs.
« Je ne comprends pas, je pensais qu’il était engagé et depuis le confinement, je ne le vois plus, je ne l’ai même plus au téléphone »
« Il avait dit se porter volontaire, et là il m’apprend qu’il se met en retrait »« Je regrette de lui avoir fait confiance car au final il n’est pas si motivé »
« Je ne comprends pas il est jeune, il devrait avoir envie de s’investir »
« Je l’ai soutenue pour qu’elle ne soit pas obligée de se mettre en congé payé et là elle ne répond jamais présente aux visio que j’organise (…) ! franchement je regrette de l’avoir soutenue ! »
« Je le pensais loyal …et bien pas du tout, il préfère rester confiné que servir l’entreprise ! cela remet vraiment en question mon choix de l’avoir recruté ! ».
Quel impact sur nos relations demain ?
Si je partage aujourd’hui ces propos, c’est que je suis intimement persuadée que si nous n’écoutons pas collectivement (au sein de l’entreprise, de la collectivité, de nos familles) ces émotions qui pointent, si nous ne les nommons pas d’une manière ou d’une autre, si nous ne les accueillons pas et ne les partageons pas, nous prenons le risque que nos relations en soient fortement impactées.
Comment imaginer le retour au travail sans avoir posé ces émotions qui nous ont traversés ?Comment imaginer coopérer avec un collaborateur pour lequel vous éprouvez le sentiment qu’il vous a trahi, heurté ?
A un de mes clients, je faisais prendre conscience du leurre de croire qu’il suffisait d’enfouir « sous le tapis » les émotions ressenties pour qu’elles disparaissent.
A coup sûr, au moindre écart, au moindre tracas, nous pouvons faire le pari qu’elles s’exprimeront et généralement pas au meilleur moment ni de la meilleure manière qui soit ! D’ailleurs, Eric Berne le démontre bien mieux que moi dans sa théorie des
« timbres ».
Le cadeau caché
Alors si nous ne voulons pas, lorsque nous nous retrouverons au grand complet engagés à reconstruire « des lendemains qui chantent », passer beaucoup plus de temps à colmater les plaies ouvertes qu’à coopérer, il me semble urgent que collectivement nous apprenions à accueillir les émotions qui nous ont accompagnées durant cette période inédite .
Et qui sait, cela pourrait être ça le cadeau caché du confinement : apprendre collectivement à renouer avec nos émotions et les mettre au service de la qualité de nos relations interpersonnelles ….