L’authenticité au travail, une injonction de plus?

«Je veux être authentique ! Je  n’en peux plus du manque d’authenticité dans cette boîte!». Cette remarque, je l’entends assez souvent de la bouche des personnes que j’accompagne. Il faut dire que ces leaders «atypiques» que je coache se sentent régulièrement en décalage avec les autres ; le sujet des valeurs et de l’authenticité est un sujet récurrent.


En ce qui me concerne, l’usage du mot authenticité me fait un peu le même effet que le mot bienveillance ! Un mot empreint de belles intentions et qui est souvent utilisé à toutes les sauces. Pourtant ceux qui me connaissent savent que c’est un principe auquel je suis attachée. Dans le même temps, les entreprises qui s’engagent dans des processus de transformation revendiquent l’importance de l’authenticité dans la réussite des nouvelles formes de collaboration : posture du manager authentique, leadership authentique, feed-back authentique (…).

 J’ai  donc eu envie de pousser ma réflexion sur ce sujet et de vous la partager.

« J’ai besoin d’authenticité pour être en confiance » 

Il y a quelques semaines, je rencontre une jeune femme brillante, pleine de peps, promue à une carrière prometteuse dans un grand groupe national : carrière brillante, éclair, elle manque pourtant de confiance en elle .Elle recherche un coach et c’est dans ce cadre que je fais sa rencontre. Après l’avoir écoutée sur ce qu’elle souhaitait travailler, je lui demande comment elle prévoit de choisir son coach. Suit un temps d’hésitation, puis elle me dit « en fait, c’est  d’abord une question de feeling et surtout j’ai besoin d’authenticité pour être en confiance ». 

Nous y sommes ! 

Mais au fait c’est quoi être authentique ?

Le Larousse nous apprend cela : «dont l’exactitude ne peut être contestée, dont l’origine est indubitable – d’une totale sincérité » 

Ok . Mais que signifie sincère ? Je vous le promets, c’est ma dernière allusion au Larousse . « Est sincère celui qui est disposé à reconnaître la vérité et à faire connaître ce qu’il pense, ce qu’il ressent ».

Etre authentique c’est donc être disposé à faire connaitre ce que je pense, ce que je ressens.

Clarifier cette notion d’authenticité fait surgir deux autres questions

 –       Suis-je  bien au clair avec mes ressentis ?

 –       Me suffit-il de décider d’être sincère pour pouvoir l’être?

Quand la quête d’authenticité renferme nos besoins « cachés »

Être au clair avec ses ressentis exige de nous de solides compétences émotionnelles.

  • Quelle est l’émotion qui  me traverse, comment est ce que je la reconnais, quel besoin revéle t-elle ?

 Pour ceux qui me suivent régulièrement, j’ai écrit il y a déjà quelques mois, un article sur les émotions au travers duquel je rappelais le lien entre émotion et besoin profond.   

Partager  ses ressentis, avec justesse, c’est donc faire preuve à la fois de lucidité et d’une solide connaissance de soi et de ses besoins.

Pour illustrer concrètement le sens de mon propos, je citerai l’exemple d’un de mes coachés :  il souhaite dire non à une proposition de son CODIR, que beaucoup d’autres leaders au sein de l’entreprise auraient rêvé de recevoir. Mais en « bon leader atypique » qu’il est, il veut justifier son refus en exprimant son désaccord sur la façon dont cette proposition est faite . Il estime que la proposition manque d’authenticité  et c’est pour cela qu’il veut la refuser. Après avoir décortiqué la situation, pesé le pour et le contre, examiné les « Je en jeu »,  il prend alors conscience que ce qu’il pense être un besoin de sincérité et donc d’authenticité est en fait un besoin de reconnaissance (tapi)  et que ça n’est  pas là qu’il doit être posé pour être entendu.

Il maintient alors  sa décision de refuser cette proposition sans  toutefois la justifier, évitant ainsi  de s’embourber dans un beau jeu psychologique et de renforcer la croyance qu’il ne peut être entendu dans cette entreprise.

C’est fou comme nos valeurs et notamment  celle de l’authenticité peuvent nous piéger parfois ! 

Alors authentique au travail, une injonction paradoxale de plus ?  

Être authentique c’est donc accepter de dévoiler une part de soi plus intime (être sincère) et se risquer à  exposer une part de notre vulnérabilité : voici ce qui me touche, ce qui me fait mal, ce que je vois et que tu ne vois pas (peut -être) ; en témoignent mes émotions de colère, de tristesse. 

Être authentique au travail c’est  accepter de s’exposer au regard des autres dans un contexte qui privilégie les masques d’invulnérabilité, ce que d’autres nomment  aussi faux-self.  

La question qui se pose alors est comment être authentique sans nous « brûler ».

  • A qui est-ce que je permets d’accéder à cette part de moi ?
  • Quand le moment est-il venu de le faire ?  
  • Pour  Quoi est ce que je décide de tomber les masques ? 

Un subtil  équilibre entre relation et authenticité  

Lorsque je suis en séance de coaching, je m’efforce le plus souvent de mettre mon authenticité au service de mon coaché. Quand je sens que je peux le faire, que mon client est prêt à entendre mon feed-back alors je décide de lui partager mon ressenti authentique.  Mais seulement si j’ai la conviction qu’il peut être entendu (ce qui ne veut pas dire accepter) et que cela ne va pas mettre en danger la qualité du lien qui  nous permettra de continuer à avancer. Il y a  donc des situations où je décide très clairement de préserver le lien et d’être un peu moins authentique que je ne l’aurai souhaité, à ce moment là.

L’authenticité , un accélérateur de puissance du groupe, de l’équipe

 Lorsque l’authenticité permet de dévoiler une part de vulnérabilité  « plus universelle » qui pourra ainsi être  mise au service de l’équipe elle devient alors un  formidable accélérateur de puissance . Je fais partie d’un groupe de femmes expatriées qui développons  leur activité  en ligne. Régulièrement, nous échangeons sur nous, nos projets, nos états d’âme . Lors d’une de ces réunions,

e traversais un «gros coup de mou». Alors que certaines me prodiguaient leurs conseils , une autre m’a remerciée : désormais, elle  pourrait plus facilement s’autoriser elle aussi à faire part de  ses doutes . Mon « craquage » eut l’effet d’une belle permission pour les membres du groupe et permit de souder davantage le groupe et donc d’avancer plus vite.

Et vous , comment vivez vous cette injonction à l’authenticité dans votre leadership, ou votre management ? 

Si vous souhaitez aller plus loin dans cet échange avec moi, je vous invite à une séance faisons connaissance que j’aurai grand plaisir à vous offrir.

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