La majorité des clients que j’accompagne sont des personnes intelligentes, voire brillantes et surtout curieuses. Que ça soit dans l’exercice de leur métier, dans leur vie extra pro, elles aiment découvrir, apprendre, et « creuser les sujets ». Ainsi elles peuvent consacrer des heures entières à comprendre le fonctionnement d’une technique, d’un instrument de musique, approfondir une théorie, apprendre une langue étrangère. Toutefois, au moment de sortir de l’invisibilité, de se « lancer», de partager leurs découvertes, leurs réalisations, à d’autres elles stoppent tout.
Un scénario bien rodé et pas forcément conscientisé se met alors en place .
Alors qu’elles « touchent au but », elles s’arrêtent net dans leur élan et se tournent vers un autre domaine à explorer.
Elles se privent de franchir une nouvelle étape dans leur progression et sabotent du même coup leur estime d’elle-même « je suis incapable d’aller au bout de ce que j’entreprends, je ne suis qu’un.e amateur.e ».
Ainsi mon client (celui qui m’a inspiré l’article) me décrit son attrait pour le mixage de musiques . Il a acquis tout le matériel, s’inspire d’artistes, s’entraîne régulièrement chez lui et se reconnait, à mi -mots une vraie compétence dans le domaine.
Pourtant, arrivé à ce stade, il se refuse à s’exposer (même en cercle privé ) et sent venir en lui l’envie d’abandonner cette nouvelle passion pour se tourner vers une autre qu’il lâchera à son tour et ainsi de suite …
Le plaisir de partager à un public ne résiste pas à la peur de paraître « amateur », à celle de ne pas être reconnu, ou de se sentir illégitime.
Conscient que ce scénario se joue dans différents champs de sa vie (pro, extra pro et même perso) il souhaite comprendre pour tenter d’en finir .
Après l’exploration de la séance, plusieurs prises de conscience émergent.
« Ca n’est pas parce que mes actions ne sont pas reconnues par d’ autres, qu’elles n’ont aucune valeur aujourd’hui et n’en auront pas demain ! »
Dans l’exemple cité précédemment, mon client avait connu un parcours brillant, reçu de nombreux signes de reconnaissance notamment dans sa vie d’étudiant puis au démarrage de sa vie professionnelle. Il ne pouvait ni tolérer de rendre un « travail imparfait », ni supporter l’absence de valorisation et de reconnaissance.
Plutôt se saboter que d’être confronté à l’un de ses sentiments ! Or ce n’est pas parce qu’aujourd’hui ses productions ne sont pas entendues, qu’elles ne le seront pas demain. Je lui ai cité la longue liste d’artistes qui n’ont connu la reconnaissance bien des années après!
Dès lors le chemin ne passe t-il pas par apprendre à se donner à soi-même des signes de reconnaissance ? Pas simple quand le niveau d’exigence et la capacité à s’auto-juger sont élevés, mais c’est une voie essentielle à explorer.
Il me semble difficile d’attendre que les autres nous renvoient de la valeur alors que nous-même ne nous en attribuons pas .
2 Replies to “Je ne vais jamais au bout !”
Isabelle comme c’est juste ! merci pour cette pause nécessaire à la réflexion ! Elle me permet de me faire un câlin mental pour tout le temps que je passe à réfléchir à la direction vers laquelle je dois aller… parmi les possibilités. Aussi nous sommes remplis de doute actuellement, partagé entre l’envie de tout faire partir en éclat ! mais que resterait-il ? ou bien au contraire de se recentrer sur la base, l’essentiel, qui est bien solide et qui a fait ses preuves, même s’il n’est pas parfait ! … et de chercher juste à l’améliorer… je crois que c’est ce que, grâce à notre échange d’hier, je vais faire finalement… c’est dingue comme nos séances ont aidé à éclairer ma lanterne ! merci pour ta capacité de discernement et ta bienveillance.
Oh Sophie je pensais avoir répondu ! Toutes mes excuses. J’espère que tu continues de bien avancer. Belle année à toi